Game of Thrones saison 7 : le début de la fin ?

Alerte SPOILERS !! Si vous n'avez pas vu la saison 7 de Game of Thrones ( et à fortiori les saisons précédentes ), ne lisez pas plus loin !

L'été 2017 signe le retour de la série phare de HBO.

La saison 7, une terre de contrastes ?

La saison 6 avait fini sur une image forte et très attendue, celle de l'immense flotte de Daenerys se dirigeant vers Westeros. La première partie de la saison 7 se concentre donc sur le conflit pour le pouvoir entre pro-Targaryen et pro-Lannister, avec en toile de fond la menace toujours plus palpable des White Walkers. Finis les jeux de dupes, les trahisons inattendues et les sous-arcs narratifs sur des personnages secondaires voire tertiaires, la saison 7 est racontée avec beaucoup plus de fluidité et présente un bloc narratif solide, compact, et... épique.
La saison 7 est plus courte, et permet aux producteurs de mettre beaucoup plus de moyens dans les scènes de guerre. Et ça se voit. On a droit aux dragons qui sont enfin utilisées comme de vraies machines de guerre, et ça fait plaisir.

Malheureusement, les excellentes impressions suscitées par les 4 premiers épisodes se sont envolées à partir du 5ème épisode.

Did game of thrones jump the shark ? 

Jump the shark, c'est une expression utilisée lorsqu'une série TV ou un film met en scène quelque chose de complètement improbable et hors de propos pour garder l'attention du spectateur, mais en même temps se décridibilise complètement et montre une baisse notable en qualité. Elle vient de la sitcom Happy days, lorsqu'un des personnages saute par dessus un requin en faisant du ski nautique. Un synonyme est le terme nuke the fridge, en référence à Indiana Jones IV lorsque l'archéologue cultissime incarné par Harrison Ford survit à une explosion nucléaire en se cachant dans un réfrigérateur.

Ça me fait mal de dire ça à propos d'une série que j'aime tant, mais c'est l'impression que m'a laissé l'épisode 6 de la saison 7. Alors oui, le travail sur la musique, les décors ( magnifique Islande ), la mise en scène est plus cinématographique que jamais, mais on ne peut que regretter une qualité d'écriture qui n'est plus à la hauteur.

Il y a déjà eu des prémices de « shark jumping » lors des saisons précédentes, avec notamment la résurrection de Jon Snow qui n'a rien apporté à l'histoire ( à part finir une saison 5 en demi-teinte par un cliffhanger pour tenir les fans en haleine pendant un an ), et la « mort » de Sandor Clegane dans la saison 4 ( là encore rendue inutile par son retour en fanfare dans la saison 6 ). Mais là dans l'épisode 6, intitulé Beyond the Wall, on atteint des sommets en terme de suspension de l'incrédulité requise chez le spectateur.

Premièrement, l'incohérence temporelle. Les commentaires sur internet font remarquer depuis la saison 6 que les déplacements des personnages se font de plus en plus rapides, sachant qu'on est à l'échelle d'un continent et à une époque médiévale. On peut notamment citer les aller-retours ultrarapides de Varys entre Westeros et Essos à la fin de la saison 6, les déplacements de la flotte d'Euron Greyjoy qui semble pouvoir rallier tous les points du continent en moins d'un jour, sans parler des dragons. Dans le fameux épisode 6, Jon, Berric, Clegane, Jorah Mormont, se retrouvent encerclés par une armée de morts-vivants sur un lac gelé. Mais ils sont sauvés par l'arrivée des dragons de Daenerys qui ont été alertés par les corbeaux de Eastwatch, elle-même alertée par Gendry qui a dû courir une journée entière, tout cela en 24 ou 48 heures alors que Daenerys elle-même se trouvait à l'autre bout du continent. Wtf ???

Deuxièmement, l'incohérence dans l'histoire. Le plan pour convaincre Cersei de mettre fin à la guerre consistait à amener un zombie afin de lui faire prendre conscience de la menace des marcheurs blancs, et unir toutes les forces des 7 royaumes pour tenter de repousser l'envahisseur venu du froid. Si on essaie d'oublier la stupidité intrinsèque de ce raisonnement ( qui suppose que Cersei est une personne raisonnable et logique ), il implique de lancer les meilleurs guerriers du continent dans une mission suicide qui a toutes les chances d'échouer.

Troisièmement, le gâchis de personnages ( Thoros de Myr, Benjen Stark ). La ( nouvelle ) fausse mort de Jon Snow qui tombe dans le lac, tiré par des morts-vivants, en ressort trois heures plus tard avant d'être sauvé à nouveau par un oncle Benjen qui sort de nulle part et se sacrifie sans dire un mot. Je comprends que les showrunners veuillent maintenir du suspense dans un épisode clé, mais la façon grotesque avec laquelle c'est réalisé me désespère. S'il y a une chose qui m'exaspère, c'est bien les deus ex machina.

Je n'ai pas non plus accroché à l'histoire d'amour un peu forcée ( même si elle était attendue ) entre Jon Snow et Daenerys, ni les tensions entre les sœurs Stark ( même s'il y a les éternelles manigances de Littlefinger en toile de fond, les tensions entre Lannisters étant beaucoup plus crédibles par exemple ). Tout cela a semblé artificiel, afin de créer une nouvelle dynamique entre des personnnages que l'on connait depuis longtemps.

mutur score de la saison 7 : 75/100

Réalisation : 8/10.  La diminution du nombre d'épisodes permet à la production de mettre des moyens rarement vus dans l'histoire de la télévision. Les scènes de bataille sont absolument épiques, avec notamment un nouveau plan séquence d'anthologie.

Jeu d'acteurs : 7/10. Le format plus court de la saison 7 ne permet pas d'exploiter chaque personnage à sa juste valeur. Mention spéciale à Lena Headey et Nikolaj Coster-Waldau qui incarnent respectivement une Cersei basculant peu à peu dans l'hubris et un Jaime déchiré entre l'amour et la raison. En revanche, le couple-phare Daenerys-Jon Targaryen n'arrive pas à tenir ses promesses, et Peter Dinklage ( Tyrion ) n'occupe plus de place centrale dans l'histoire depuis déjà 2 saisons.

Cohérence du scénario : 5/10. C'est là que la saison 7 déçoit. L'une des forces de Game of Thrones résidait dans ses personnages, et la capacité des auteurs à créer des interactions savoureuses au sein d'un univers complexe. 

Originalité : 8/10.

Portée émotionnelle : 7/10.

Photographie : 7/10.

Musique : 8/10. 

Qualité de la production ( décors, costumes, effets spéciaux ) : 9/10. 

Importance historique de la série : 10/10. 

Ressenti personnel : 6/10. La saison 7 me laisse un goût doux-amer. Si j'ai vraiment apprécié la première partie de la saison qui accélère le rythme sur le conflit Lannister-Targaryen ( après deux saisons assez lentes), la deuxième partie plus centrée sur le conflit final avec les White Walkers est beaucoup trop rushée, et prise dans des incohérences scénaristiques difficiles à ignorer. Clôturer cette série monumentale doit être extrêmement difficile pour les scénaristes ( GRRM lui-même devant être submergé par la complexité de son oeuvre ), et la dernière saison aura probablement beaucoup de mal à satisfaire les attentes énormes générées au fil des années.