Les échecs commerciaux de l'année 2017

Par flop, on entend un blockbuster qui n'a pas su amortir son investissement initial. On estime que pour être rentable, les recettes d'un film moderne doivent au moins être le double de son budget de tournage, et ce afin de rembourser les frais de marketing, distribution etc... Les échecs au box-office sont au moins aussi importants que les succès car ils peuvent mettre en danger de grands studios, ou condamner à l'oubli temporaire certains genres cinématographiques.
L'un des flops les plus retentissants est celui de l'Ile aux pirates de Renny Harlin sorti en 1995, et qui précipita le studio Carolco pictures vers la faillite. Cet échec marqua un arrêt des films sur la piraterie jusqu'au Pirates des Caraïbes de Gore Verbinski de 2003.

Quels sont les flops de l'année 2017 et quelles en seront les conséquences pour les acteurs et les studios ( voire le genre cinématographique en lui-même ) ?

Power Rangers de Dean Israelite ( distribué par Lionsgate )

Les chiffres : 60 M $ de pertes pour un budget de 100 M $

Les causes possibles :
- Un matériau de base devenu ringard, traité de manière trop sérieuse.
- Les critiques mauvaises ( méritées ).

Quelles conséquences pour le studio ?
Cela fait plusieurs années que Lionsgate essaie de s'imposer comme un studio majeur dans le paysage hollywoodien. Si elle a eu du succès avec la saga Hunger Games, le studio n'a pas su reproduire le même schéma avec un autre film tentpole. En 2017, ce seront des films à moyen budget mais de qualité ( La La Land, Wonder, John Wick 2 ) qui permettront au studio de garder la tête hors de l'eau.

Ghost in the Shell de Rupert Sanders ( distribué par Paramount )

Les chiffres : 60 M $ de pertes pour un budget de 110 M $

Les causes possibles :
- Un matériau de base un peu méconnu du grand public.
- des critiques moyennes
- un film un trop sombre pour plaire à toute la famille.

Quelles conséquences pour le studio ? 
On peut s'interroger sur la santé financière de Paramount dont le seul succès majeur cette année est le médiocre ( je suis poli ) Transformers : The Last Knight. De manière plus globale, la liste des filons de la Paramount semble fondre comme neige au soleil depuis le rachat de Marvel par Disney en 2009. Entre les difficultés à imposer de nouvelles franchises ( Les tortues ninja ) et les franchises vieillissantes qui sont menacées d'épuisement ( Mission impossible, Terminator, Transformers, Star Trek ), la major fondée en 1912 a de gros soucis à se faire. Elle est passée de la première place en 2011 ( en terme de recettes au box-office américain ) à la 7ème aujourd'hui ( derrière le nouveau venu Lionsgate ). Mission impossible 6, Transformers 6 et la suite de Top Gun suffiront-ils à redresser la barre dans l'avenir ? Rien n'est moins sûr.

Quelles conséquences pour le genre en lui-même ?
Les adaptations de manga par des studios hollywoodiens sont une tendance relativement récente. On garde en tête le catastrophique DragonBall Evolution de James Wong. L'échec de Ghost in the Shell sera-t-il confirmé par les résultats commerciaux des futures adaptations ? On pense notamment au film Death Note, ou encore Gunnm qui sera adapté par Robert Rodriguez. Akira, qui devait être réalisé par les frères Hughes, a quant à lui été remis au placard pour la quatrième fois...


Le Roi Arthur, la légende d'Excalibur de Guy Ritchie ( distribué par Warner Bros )

Les chiffres : 150 M $ de pertes pour un budget de 175 M $. Il s'agit de l'un des plus gros échecs de tous les temps ( même après ajustement selon l'inflation ).

Les causes possibles :
- un acteur principal pas assez bankable ( Charlie Hunnam a à son actif Pacific Rim, qui fut lui-même un succès commercial mitigé ).
- des critiques plus que négatives ( 28% de critiques positives sur rotten tomatoes )
- un film Roi Arthur récemment sorti en 2004, avec Clive Owen dans le rôle titre ( et qui était déjà un échec commercial ).

Quelles conséquences pour le studio ? 
Une telle débâcle signe probablement la fin de la franchise Roi Arthur de Guy Ritchie, pour laquelle 6 films (!) étaient initialement prévus.
Si Warner Bros semble être une major solide ( actuellement 1ere au box-office américain ), le naufrage du Roi Arthur ne sera pas sans conséquences pour le studio. WB peut notamment compter sur les films tirés de la franchise DC comics, les futurs spin-off de la saga Harry Potter, et le MonsterVerse ( Godzilla, Kong ) en cours d'expansion. Mais comme pour Paramount, gare à l'épuisement des licences phares du groupe, sous peine de lasser les spectateurs.



Valérian et la cité des mille planètes de Luc Besson ( distribué par EuropaCorp )

Les chiffres : Entre 150 et 200 M $ de pertes pour un budget de 200 M $

Les causes possibles :
- la méconnaissance du public mondial vis-à-vis du matériau de base ( une bande dessinée française qui a débuté dans les années 60 )
- des critiques moyennes
- des acteurs principaux ( Dane DeHaan et Cara Delevingne ) qui n'ont pas encore fait leurs preuves comme leaders de castings dans des blockbusters

Quelles conséquences pour le studio ? 
Il s'agit du film le plus cher jamais produit par un studio français. L'ambition de Luc Besson était de fonder une major en Europe, capable de rivaliser avec les grands studios hollywoodiens. Si le studio a été porté jusque là principalement par des films d'action ( les séries Transporteur et Taken, Lucy ), le père Besson est encore monté d'un cran avec Valérian, un blockbuster tentpole à plus de 100 M $ destiné à lancer définitivement EuropaCorp dans la cour des grands.
Outre le fait de tuer dans l'oeuf la franchise Valérian, l'échec du film risque de mettre en grand danger financier EuropaCorp. Ce qui est d'autant plus dommage que le studio français produit des films relativement variés et distribués dans le monde entier.
On peut également regretter que l'échec d'une nouvelle franchise de SF ne rende les studios encore plus frileux à l'idée de proposer de la nouveauté.
De leur côté, les acteurs principaux Cara Delevingne et Dane DeHaan risquent de ne pas retrouver le chemin des blockbusters avant un bon moment.

La Momie de Alex Kurtzman ( distribué par Universal )

Les chiffres : 100 M $ de pertes pour un budget de 125 M $

Les causes possibles :
- les critiques moyennes
- reboot d'une trilogie récente donc encore fraîche dans les mémoires des spectateurs.

Quelles conséquences pour le studio ? 
La fin du Dark Universe voulu par le studio Universal ? ( l'équivalent du marvel cinematic universe mais dans le film de monstres )
Le studio Universal, quant à lui, ne sera pas trop impacté en raison du succès de ses autres franchises ( Fast and Furious, 50 shades, Moi moche et méchant ) cette année.


Blade Runner 2049 de Denis Villeneuve ( distribué par Warner Bros )

Les chiffres :  80 M $ de pertes pour un budget de 185 M $

Les causes possibles :
- Un film long, avec un rythme lent et contemplatif.
- Un matériau de base culte mais pas forcément familier du grand public.

Quelles conséquences pour le studio ?
Il s'agit du deuxième coup dur pour Warner Bros après le fiasco du Roi Arthur. Ce qui est dommage, c'est que l'échec commercial de Blade Runner 2049 risque de freiner les ardeurs des grands studios pour produire des films de science-fiction plus originaux et s'attaquant à des thématiques matures.
Une nouvelle preuve ( s'il en était besoin ) que succès critique n'est pas toujours synonyme de rentabilité.
Cependant, la carrière de Denis Villeneuve ne sera probablement pas trop impactée, le réalisateur canadien ayant déjà à charge le remake de Dune. Pour l'instant, Christopher Nolan semble être le seul cinéaste à parvenir à allier démarche personnelle et succès commercial à chacun de ses films.


Geostorm de Dean Devlin ( distribué par Warner Bros )


Les chiffres :  100 M $ de pertes pour un budget de 120 M $

Les causes possibles :
- Le scénario abracadabrantesque complètement tiré par les cheveux.
- Les critiques désastreuses.
- Le film catastrophe : un genre qui n'est plus à la mode ( on se souviendra du succès mitigé de Independance Day Resurgence en 2016 )

Quelles conséquences pour le studio ? 
2017 constitue une année en demi-teinte pour Warner Bros qui parvient cependant à se rattraper avec le succès surprise de Ça et les performances des films dérivés du DC universe. On peut néanmoins craindre une prise de risque limitée sur les prochaines années de la part du studio.
Le film catastrophe sera-t-il enterré pour quelques années ?

Pronostic sur les futurs flops de 2018:

  • Pacific Rim uprising : le premier Pacific Rim n'était déjà pas un succès franc. Qu'en sera-t-il de cette suite, produite mais non réalisée par Guillermo Del Toro ? Les premières images du trailer laissent craindre le pire.
  • Ready Player One de Steven Spielberg : le premier trailer m'a quelque peu laissé sur ma faim. Mais j'espère me tromper.
  • Ocean's Eight : le spin-off féminin de Ocean's Eleven. Connaîtra-t-il le même sort que le Ghostbusters féminin de 2016 ?
  • Alita : Battle Angel de Robert Rodriguez. On en revient à ce qui a été dit précédemment sur les films dérivés de mangas. Personnellement, je regretterai toujours que James Cameron n'ait pas eu la possibilité d'adapter l'un de mes mangas préférés.
  • Mission Impossible 6 de Christopher McQuarrie : le public finira-t-il par se lasser des pérégrinations de Tom Cruise/Ethan Hunt ?
  • X-men Dark Phoenix de Simon Kinberg : il s'agit des débuts en tant que réalisateur du scénariste des précédents X-men. Aura-t-il les épaules assez larges pour porter un long-métrage qui fait suite à un X-men apocalypse en demi-teinte ?
  • Aquaman de James Wan : il ne s'agit clairement pas du super-héros le plus populaire de DC.

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