Avengers : Infinity War des frères Russo : une nouvelle ère ?

 /!\ Cette critique est bourrée de spoilers /!\

L'Avis de Mutur


A chaque nouveau film Marvel, les mêmes compliments ressortent: des personnages attachants, des bons moments d'humour et des scènes d'action réussies; mais aussi les mêmes critiques: une histoire ultra-classique, et une narration qui ne fait jamais peser de conséquences majeures sur ses personnages, ce qui, pour éviter la répétitivité et la saturation, doit reposer sans cesse sur un sentiment d'escalade dans le superlatif .

La principale réussite de l'écurie Marvel n'est pas artistique mais commerciale : elle parvient, grâce à un calendrier de sorties millimétré comme les épisodes d'une sitcom à succès, à maintenir l'esprit des spectateurs dans un état d'effervescence voire d'addiction qui ne retombe jamais. Ce qui laisse bien peu de miettes à ses concurrents de la Warner et des autres Majors. Et on voit déjà poindre le même profil industriel pour la saga Star Wars qui doit également se conformer au calendrier infernal de la firme aux grandes oreilles.

Avant d'entrer dans la salle pour voir le film, les mêmes doutes que pour les 18 films précédents sont là : vont-ils faire un autre film où il n'existe aucune réelle conséquence pour les héros, où oseront-ils aller plus loin ?

Et on peut dire que le film pose d'entrée de jeu une ambiance ultra-sombre : dès la première scène, on découvre le reste du peuple asgardien décimé, et deux personnages historiques de la saga sont tués. Voilà qui rend Thanos plus intimidant que tous les précédents méchants du MCU réunis.

Points forts:

- Un casting gargantuesque qui est étonnamment bien géré. On n'a pas le sentiment de personnages inutiles ou de caméos gratuits.
- L'enjeu émotionnel : on a enfin peur pour nos héros. Comme dans Game of Thrones, aucun d'entre eux n'est protégé et cela rend le récit beaucoup plus intense.
- Les petites touches d'humour absurde bien trouvées ( merci Drax ).
- Thanos, un méchant certes caricatural dans ses intentions, mais dont le cheminement émotionnel n'a pas été bâclé. On arrive à avoir de l'empathie pour ce personnage porté par la conviction de faire le bien, mais mélancolique et pleinement conscient des conséquences de ses actions. Il respecte ses adversaires, et ne fait pas preuve d'un sadisme gratuit comme trop de méchants de blockbusters.


Points faibles:

- Le cliffhanger final qui laisse le spectateur tellement sur la faim qu'il en est presque insultant. On a l'impression de voir un récit incomplet.
- L'enchaînement parfois maladroit de scènes dramatiques, suivies deux minutes plus tard de vannes légères entre les personnages ( on pense notamment à la transition entre Thor qui perd toute sa famille et son peuple, et se retrouve à blaguer avec les Gardiens de la Galaxie ).
- Des scènes d'action au final peu mémorables, avec une bataille finale un peu brouillon. Seule l'utilisation des différentes pierres d'infinité par Thanos donne lieu à des idées de mise en scène plus originales ( les météorites, les illusions données par la pierre de réalité ).

Muturscore : 7.5/10 "Il a fallu attendre le dix-neuvième film du MCU pour qu'enfin, les héros soient réellement mis en difficulté. On peut déplorer le fait que le cliffhanger final ressemble à une prise d'otage du spectateur pour le forcer à voir la suite, mais force est de constater que ça marche. Et si le vrai villain, c'était Disney qui faisait des spectateurs ses esclaves ?"

L'Avis de Gibbonsking

Edito :



(Attention, je ne parle ici que du cinéma Hollywoodien de divertissement à gros budget, désolé Godard.)
Alors ça y est ! La fin arrive, du moins le début de la fin de l’arc narratif des Pierres d’Infinité. Ces fameux McGuffin qui auront fait courir les super héros dans tous les sens depuis dix ans. Dix ans déjà que Marvel Studios et Disney ont réinventé le cinéma de divertissement moderne (si, si, qu’on le veuille ou non.) A cette occasion j’aimerais faire un petit retour en arrière et réfléchir à la caractéristique cyclique de l’industrie cinématographique Hollywoodienne. Je parle pour moi des influences successives et réciproques du monde des séries et celui du cinéma. La boucle est bouclée. Mais où commençât-elle ?
J’ai commencé ma modeste culture cinématographique à la fin des années 90 (étant né en 89). A l’époque, deux mondes qui n’avaient pas du tout les mêmes ambitions coexistaient : les séries télévisuelles d’un côté et le cinéma de l’autre. Au royaume du cinéma en ce temps-là régnaient en maîtres les fameux « actionners » des années 90 si chers à nos cœurs de trentenaires.  Les Stallone, Schwarzy, Willis et autres Cage nous faisaient tâter du biceps et nous en mettaient plein les yeux à grand renfort de sang et de sueur. Si à cette époque, il arrivait qu’il y ai des suites, elles arrivaient souvent bien plus tard que leur prédécesseur. Le modèle économique principal restait donc le film « one shot », doté d’un début et d’une fin. A cette époque, les séries étaient sous un autre format. Les épisodes ne duraient que 30 minutes, bien souvent les épisodes pouvaient se regarder dans n’importe quel ordre au sein d’une saison. Seuls les premiers et derniers épisodes d’une saison suivaient une trame principale qui faisait évoluer nos héros. Je parle ici des Buffy, Charmed, Angel, Dark Angel, Alias …
Puis avec les années 2000, les séries commencèrent à muter. Sous l’influence du cinéma, les épisodes s’allongèrent, (de 30 à 50 min). Des trames scénaristiques complètes se déroulaient sur tous les épisodes d’une saison voir sur plusieurs saisons. Les séries commençaient à réutiliser des astuces narratives empruntées au cinéma: flashbacks, flashforwards. Le pionnier dans ce nouveau cycle était JJ Abrams, le show-runner de la série LOST. Les budgets devaient augmenter en même temps, des acteurs de cinéma étaient débauchés afin d’attirer un nouveau public. (The Wire, the SHIELD, ROME, Band of brothers…). Un nouveau cap est franchi en 2011 avec Game of Thrones, la série de tous les records. Une nouvelle étape va être franchie dans quelques années avec la guerre des séries que se livreront Amazon, Disney, Netflix avec les séries respectives Seigneur des anneaux, Star-wars, the Witcher. (deux séries sur les trois étant déjà passées par le cinéma...). C’est également dans les années 2000, que les films ont commencé eux aussi à se rapprocher des séries, la première étape étant l’apparition de sagas. Les Batman de Christopher Nolan, Pirates des Caraïbes, Spider-Man, le Seigneur des Anneaux, Jason Bourne, Harry Potter, X-Men etc… Les films n’étaient plus un, ils étaient au moins 3 à chaque fois. Les studios avaient compris et intégré depuis longtemps le concept de franchise. La production intensive en était à ses balbutiements. Puis arriva aux alentours de 2010 les premiers films Marvel, dont Iron Man. Au début, ces nouveaux films de divertissement restaient des films indépendants. Devant le succès commercial, une nouvelle idée germa : créer une franchise de plusieurs franchises. Cela est une évolution naturelle lorsque l’on sait que les comics (Marvel ou DC) sont construits de cette manière depuis plusieurs décennies. La suite, nous la connaissons: un enchaînement toujours plus rapide de film se teasant les uns les autres. La création du premier Univers étendu. Le reste de l’industrie ne tarda pas à ce caler sur ce fuseau horaire: Star Wars, Fast and furious, Transformers, Dc comics, Godzilla … Sont les nouvelles séries d’aujourdhui (comportant un premier et un dernier épisode centré sur une trame principale, et plusieurs épisode intermédiaires libre de digression, (Solo, Rogue one, Fast and furious, Tokyo Drift, chacun des films Transformers, Ant Man, Spiderman etc…).
Avec la sortie d’Infinity War, c’est l’épisode final d’une saison qui débute pour Marvel. Devant réussir ce que l’on attend d’un tel épisode : répondre aux questions que le scénario avait disséminé ça et là, être le climax le plus impressionnant, faire s’aboutir les arcs narratifs de tous les personnages.
Arrivés devant la conclusion de la première série cinématographique de l’histoire, un constat : la boucle est bouclée. Je tiens à préciser malgré tout que je ne juge en rien du caractère néfaste ou positif de ce processus : les films sont bons ou mauvais. Point. 


Points forts

-Le scénario et l’écriture des personnages : C’est un vrai tour de force que nous propose Marvel en réussissant un pot-pourri de (presque) tous ses personnages iconiques se retrouvant dans un opéra super-héroïque. Chaque personnage est retranscrit fidèlement par rapport à ses propres films, chaque personnage est respecté et apporte quelque chose de différent (que ce soit visuellement, sur l’humour ou sur le tragique). Bien sûr, il subsiste quelques trous scénaristiques et quelques scènes manquantes mais c’est déjà 2h30 de film qui sont très bien remplies.  La fin fera bien sûr polémique, mais a le mérite d’être très originale et osée.
Il faut bien l’avouer, le personnage le mieux écrit (et interprété ?) est Thanos. C’est d’ailleurs le personnage principal du film tant il est charismatique. Un type de super-villain encore inconnu du cinéma de divertissement. Un personnage ni bon, ni mauvais. Il a son idée de l’idéal à atteindre et la détermination pour l’atteindre. (D’ailleurs un des thèmes abordés dans le film - la différence entre la détermination et le fanatisme - est toujours flou). Le personnage ne fait jamais le mal gratuitement, ça ne lui fait (presque) jamais plaisir de tuer quelqu’un. D’ailleurs c’est un des rares films où je vois des seconds couteaux plus cruels que leur boss. Ce qui accentue encore plus son côté empathique. Le dernier plan du film attestera d’ailleurs qu’il en était bien le personnage principal. Certes la fin est abrupte, mais on peut reconnaitre que la césure est plus judicieuse qu’entre un Hobbit 2 et 3. On voit une fois de plus que Marvel à parfaitement intégré la notion de sérialisation de ses films, à la limite de rajouter un « to be continued ». Cela n’est pas forcément un mal si c’est assumé.

-L’action et le rythme frénétique : On le sait depuis maintenant quelques films, les frères Russo ne sont pas des experts de la mise en scène spectaculaire. Venant de l’univers des séries télé (coïncidence ? je ne crois pas), leur force réside dans une rythmique impeccable des scènes et un montage léché. On ne s’ennuie jamais dans ce film, et j’aurais bien signé pour 30 minutes de plus.

-La direction artistique : Certes la direction artistique a toujours été de qualité dans la franchise, mais force est de constater qu’ici, chaque planète a un environnement différent, les designs technologiques sont réussis ( y compris la nouvelle armure d’Iron Man ou de Spidey) (petit bémol pour la nouvelle arme de Thor qui fait jouet pour enfant..)  Thanos… si vous voulez comprendre pourquoi ce personnage est réussi tant sur le plan de l’écriture que de la CGI, regardez Steppenwolf de Justice League... (Vous aviez oublié son nom hein ?)

- L’humour et les enjeux émotionnels :  Très bien retranscrits et dosés (à la différence des gardiens 2 et de Thor 3).

-La VF est excellente (aussi bien que la VO)


Points faibles

- La réalisation : On ne va pas se mentir, la réalisation est très correcte. Mais comme je l’ai déjà dit, les frères Russo ne sont pas connu pour leur retranscription du grandiose ou de l’épique. Ici point de travelling rotatif  somptueux concluant un plan séquence. Point de travail du cadre ou des rapports d’échelle. La réalisation reste malheureusement un peu trop pragmatique (moins brouillonne que dans Civil War ou dans Captain 2 tout de même.) On aurait aimé plus de plan iconiques (d’ailleurs un des plans les plus réussi des trailers n’est même pas dans le film…). Les Russo n’iront sans doute pas au panthéon des Spielberg, Nolan, ou autre Jackson et Cameron.
 
- La musique : Même si elle reprend les différents thèmes de nos héros, et celui toujours aussi efficace des Avengers, on aurait aimé qu’elle soit plus épique et plus présente dans les scènes d’action. (Il n’y a qu’un seul moment où je me suis dit: « Ah ils envoient la sauce avec la musique » et ça ne dure que quelques secondes.)

Gibbonscore : 8/10  "Avengers Infinity War n’est pas exempt de petits défauts mais réussit à ne décevoir aucune attente. De la part du film le plus attendu de tous les temps (avec Star Wars 7) c’est déjà un tour de force. Comparable à un season finale de série à succès, il constitue une excellente clef de voûte de cet univers étendu. Marvel avait déjà pris une place de leader dans le cinéma de divertissement grand public en forçant ses concurrents à se positionner face à lui. On se demandait tous combien de temps ils réussiraient à conserver ce leadership…. On dirait bien qu’ils ont gagné la première bataille de la guerre de l’Infinité."



Commentaires

  1. Un tel site vaut la peine d'être regardé et de trouver des films intéressants ici https://skstream.tube/ Je l'aime, donc au moins je vous conseille de vous familiariser

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