Né en 1979 en Afrique du Sud, Neill Blomkamp a commencé sa carrière en étant animateur 3D sur des série télé comme Stargate SG-1 ou Dark Angel.
En 2007, il attira l'attention de Peter Jackson en réalisant 3 courts-métrages promotionnels ( Halo : Landfall ) pour la promotion du jeu Halo 3.
Sa première réalisation aurait dû être un film Halo, mais les difficultés financières eurent raison du projet.
Le jeune Neill Blomkamp décida alors de mettre en scène un long métrage dérivé de son court-métrage Alive in Joburg. Ce film sorti en 2009 eut un impact considérable sur sa carrière.
Avant-propos: Il me semble intéressant de se pencher sur la jeune et florissante filmographie de ce jeune réalisateur sud-africain car de nos jours, rares sont les films qui arrivent à perpétuer la quintessence de la science fiction. Car oui mesdames et messieurs, la science-fiction la vraie cela n'est pas (que) STAR WARS! Le principe et l'astuce de ce genre artistique (car il peut être littéraire comme cinématographique) c'est de se servir d'un futur pour parler de notre présent. En effet, la science fiction remplit en quelque sorte le rôle de vecteur pour faire passer des messages aux spectateurs, qu'ils soient philosophiques ou politiques.
Depuis une petite dizaines d'années, force est de constater que les œuvres respectant ce principe se font de plus en plus rares. A mon grand regret les super-productions hollywoodiennes privilégient de plus en plus la forme que le fond, on ne met plus de message engagé dans les films (les spectateurs ne veulent pas qu'on leur disent que leur mode de vie est mauvais, ou qu'ils sont égoïstes, ou risquer de heurter leurs opinions.) On veut que les films soient familiaux, on les aseptise: pas de sang, pas de langage grossier (qui sont pourtant foisonnants dans la vie de tous les jours.) Bref, il faut un personnage principale blanc, un noir, une femme, un scénario vide et surtout aucune réflexion!
Je suis sûre que vous avez déjà des exemples en tête ! (#Valerian)
C'est dans ce contexte d'appauvrissement du paysage SF que Neill Blomkamp détonne avec au cours de sa courte carrières, des films s'ancrant dans des dystopies qui s’assument. Avec toujours un message à la clef et le début d'une réflexion. Petit retour sur ses trois films :
District 9, est le premier long-métrage et un véritable film personnel pour le Sud-Africain.
Un vaisseau extraterrestre se stabilise un jour au dessus de Johannesburg, la capitale de l'Afrique du Sud. Pourtant, rien ne se passe, aucune communication ne s'effectue. Les autorités sud-africaines décident alors de forcer l'entrée du vaisseau. Ils découvrent une population d'un million d'extraterrestres désorganisés et affamés.
Au moment où se déroule le film, les extraterrestres réfugiés sur la Terre depuis 20 ans sont un problème social et politique explosif. Parqués dans le District 9, gigantesque bidonville, leur destin est entre les mains d'une multinationale, le MNU, chargée par le gouvernement de déplacer cette population encombrante, source de tensions et de nombreux trafics.
Sous couvert d'opération humanitaire, le MNU s’intéresse en fait à l'extraordinaire armement issu du vaisseau, qui ne fonctionne que lorsqu'il est aux mains des extraterrestres.
Le message: Difficile de ne pas voir dans ce film une métaphore de la ségrégation raciale en Afrique du sud. C'est bel et bien un apartheid fantasmé que nous présente ici le film. Les aliens sont pour la plupart des ouvriers sans qualification, illettrés car n'ayant pas accès à l'enseignement et qui donc ne savent pas communiquer. Impossible dans ce contexte de nouer des liens, on les évite, et on finit par les haïr, on les parque dans des ghettos
Alors, quels regrets à la vision du film, lorsque toutes les attentes se trouvent d'un seul coup déçues.
Le contexte d'Elysium, c'est une dystopie futuriste où les pauvres sont condamnés à vivre sur la Terre ( qui est devenue un gigantesque bidonville ), alors que les riches se sont exilés sur une luxueuse station orbitale ( qui s'appelle... suspense... Elysium ). Jusque là, tout va bien, on retrouve le thème de l'opposition des classes qui semble si cher à Neill Blomkamp et permet de donner un certain cachet visuel au film. Le contraste entre les bidonvilles poussiéreux de la Terre et la station spatiale où tout est nickel comme si M. Propre venait de passer la serpillère saute tout de suite aux yeux.
La structure narrative, quant à elle, est beaucoup plus convenue. Le héros du film, incarné par Matt Damon, est ancien criminel qui travaille dans une usine fabriquant des robots de sécurité. Sa vie change lorsqu'il est mortellement irradié suite à un accident industriel. Il ne lui reste plus que quelques jours à vivre, et n'ayant plus rien à perdre, il devient le fer de lance de contrebandiers cherchant à rejoindre Elysium à tout prix afin, notamment, de profiter des dernières avancées médicales.
Si Elysium déçoit, c'est d'abord sur le fond.
Tout d'abord, la structure narrative est extrêmement classique : celle d'un anti-héros au passé peu glorieux, qui va se révéler au travers des épreuves jusqu'à sa rédemption. Une structure narrative peu originale n'est pas forcément synonyme de mauvais film ( prenons l'exemple d'un John Wick par exemple ), mais Elysium ne dégage aucune singularité pour lui permettre de se distinguer de l'innombrables nuée de films à l'histoire similaire.
Ensuite, les personnages secondaires aux abonnés absents. Si je me suis initialement réjoui de la présence de Jodie Foster au casting ( actrice se faisant trop rare de nos jours ), il faut reconnaître que son rôle est complètement cliché et inintéressant au possible. Il en est de même du personnage joué par Alice Braga, la love interest du personnage principal, à laquelle je n'ai pas du tout réussi à m'attacher. Seul sort du lot l'antagoniste principal incarné par Sharlto Copley, assez terrifiant dans toute sa folie, mais qui ne réussit pas à redresser un film handicapé par tous ces défauts narratifs.
Enfin, le thème sous-jacent de l'injustice sociale est exploité de manière trop caricaturale à mon goût pour être crédible, et donner la profondeur qu'on attend d'un récit de science-fiction dystopique.
Elysium ne répond également pas à nos attentes sur la forme. Là où Neill Blomkamp s'est illustré dans District 9 avec son style documentaire, il semble conserver de vieilles manies visuelles dans ce blockbuster. Cela passe notamment par des scènes d'action dont le montage est très haché, et où il a régulièrement recours à la shaky cam. Ce processus filmographique particulier, qui consiste à faire trembler la caméra lors des séquences d'action afin de rendre la scène plus immersive, a été notamment popularisée par Paul Greengrass dans la série des Jason Bourne ( où jouait déjà Matt Damon ). Depuis, il a été souvent décrié pour son côté gadget et le manque de lisibilité ( voire l'inconfort sensoriel total, presque épileptique ) qu'il impose dans les scènes d'action. Elysium ne déroge pas à la règle et je trouve que la shaky cam n'apporte pas grand chose au film.
Elysium est donc le film qui aurait pu lancer Neill Blomkamp dans la cour des grands à Hollywood. Malheureusement, et ce malgré la grande liberté artistique et financière dont il a disposé pour le tourner, Neill Blomkamp n'est pas parvenu à transformer l'essai.
En 2007, il attira l'attention de Peter Jackson en réalisant 3 courts-métrages promotionnels ( Halo : Landfall ) pour la promotion du jeu Halo 3.
Sa première réalisation aurait dû être un film Halo, mais les difficultés financières eurent raison du projet.
Le jeune Neill Blomkamp décida alors de mettre en scène un long métrage dérivé de son court-métrage Alive in Joburg. Ce film sorti en 2009 eut un impact considérable sur sa carrière.
Avant-propos: Il me semble intéressant de se pencher sur la jeune et florissante filmographie de ce jeune réalisateur sud-africain car de nos jours, rares sont les films qui arrivent à perpétuer la quintessence de la science fiction. Car oui mesdames et messieurs, la science-fiction la vraie cela n'est pas (que) STAR WARS! Le principe et l'astuce de ce genre artistique (car il peut être littéraire comme cinématographique) c'est de se servir d'un futur pour parler de notre présent. En effet, la science fiction remplit en quelque sorte le rôle de vecteur pour faire passer des messages aux spectateurs, qu'ils soient philosophiques ou politiques.
Depuis une petite dizaines d'années, force est de constater que les œuvres respectant ce principe se font de plus en plus rares. A mon grand regret les super-productions hollywoodiennes privilégient de plus en plus la forme que le fond, on ne met plus de message engagé dans les films (les spectateurs ne veulent pas qu'on leur disent que leur mode de vie est mauvais, ou qu'ils sont égoïstes, ou risquer de heurter leurs opinions.) On veut que les films soient familiaux, on les aseptise: pas de sang, pas de langage grossier (qui sont pourtant foisonnants dans la vie de tous les jours.) Bref, il faut un personnage principale blanc, un noir, une femme, un scénario vide et surtout aucune réflexion!
Je suis sûre que vous avez déjà des exemples en tête ! (#Valerian)
C'est dans ce contexte d'appauvrissement du paysage SF que Neill Blomkamp détonne avec au cours de sa courte carrières, des films s'ancrant dans des dystopies qui s’assument. Avec toujours un message à la clef et le début d'une réflexion. Petit retour sur ses trois films :
District 9 ( 2009 )
District 9, est le premier long-métrage et un véritable film personnel pour le Sud-Africain. Un vaisseau extraterrestre se stabilise un jour au dessus de Johannesburg, la capitale de l'Afrique du Sud. Pourtant, rien ne se passe, aucune communication ne s'effectue. Les autorités sud-africaines décident alors de forcer l'entrée du vaisseau. Ils découvrent une population d'un million d'extraterrestres désorganisés et affamés.
Au moment où se déroule le film, les extraterrestres réfugiés sur la Terre depuis 20 ans sont un problème social et politique explosif. Parqués dans le District 9, gigantesque bidonville, leur destin est entre les mains d'une multinationale, le MNU, chargée par le gouvernement de déplacer cette population encombrante, source de tensions et de nombreux trafics.
Sous couvert d'opération humanitaire, le MNU s’intéresse en fait à l'extraordinaire armement issu du vaisseau, qui ne fonctionne que lorsqu'il est aux mains des extraterrestres.
Le message: Difficile de ne pas voir dans ce film une métaphore de la ségrégation raciale en Afrique du sud. C'est bel et bien un apartheid fantasmé que nous présente ici le film. Les aliens sont pour la plupart des ouvriers sans qualification, illettrés car n'ayant pas accès à l'enseignement et qui donc ne savent pas communiquer. Impossible dans ce contexte de nouer des liens, on les évite, et on finit par les haïr, on les parque dans des ghettos
Elysium ( 2013 )
Second film de Neill Blomkamp, très attendu ( y compris par moi-même ) après le carton surprise de District 9, Elysium devait être l'apogée de tout le savoir du réalisateur sud-africain. Il dispose alors d'un budget confortable de 115 millions de dollars ( soit à peu près 4 fois plus que District 9 ), ainsi que de la superstar Matt Damon en tête d'affiche.Alors, quels regrets à la vision du film, lorsque toutes les attentes se trouvent d'un seul coup déçues.
Le contexte d'Elysium, c'est une dystopie futuriste où les pauvres sont condamnés à vivre sur la Terre ( qui est devenue un gigantesque bidonville ), alors que les riches se sont exilés sur une luxueuse station orbitale ( qui s'appelle... suspense... Elysium ). Jusque là, tout va bien, on retrouve le thème de l'opposition des classes qui semble si cher à Neill Blomkamp et permet de donner un certain cachet visuel au film. Le contraste entre les bidonvilles poussiéreux de la Terre et la station spatiale où tout est nickel comme si M. Propre venait de passer la serpillère saute tout de suite aux yeux.
La structure narrative, quant à elle, est beaucoup plus convenue. Le héros du film, incarné par Matt Damon, est ancien criminel qui travaille dans une usine fabriquant des robots de sécurité. Sa vie change lorsqu'il est mortellement irradié suite à un accident industriel. Il ne lui reste plus que quelques jours à vivre, et n'ayant plus rien à perdre, il devient le fer de lance de contrebandiers cherchant à rejoindre Elysium à tout prix afin, notamment, de profiter des dernières avancées médicales.
Si Elysium déçoit, c'est d'abord sur le fond.
Tout d'abord, la structure narrative est extrêmement classique : celle d'un anti-héros au passé peu glorieux, qui va se révéler au travers des épreuves jusqu'à sa rédemption. Une structure narrative peu originale n'est pas forcément synonyme de mauvais film ( prenons l'exemple d'un John Wick par exemple ), mais Elysium ne dégage aucune singularité pour lui permettre de se distinguer de l'innombrables nuée de films à l'histoire similaire.
Ensuite, les personnages secondaires aux abonnés absents. Si je me suis initialement réjoui de la présence de Jodie Foster au casting ( actrice se faisant trop rare de nos jours ), il faut reconnaître que son rôle est complètement cliché et inintéressant au possible. Il en est de même du personnage joué par Alice Braga, la love interest du personnage principal, à laquelle je n'ai pas du tout réussi à m'attacher. Seul sort du lot l'antagoniste principal incarné par Sharlto Copley, assez terrifiant dans toute sa folie, mais qui ne réussit pas à redresser un film handicapé par tous ces défauts narratifs.
Enfin, le thème sous-jacent de l'injustice sociale est exploité de manière trop caricaturale à mon goût pour être crédible, et donner la profondeur qu'on attend d'un récit de science-fiction dystopique.
Elysium ne répond également pas à nos attentes sur la forme. Là où Neill Blomkamp s'est illustré dans District 9 avec son style documentaire, il semble conserver de vieilles manies visuelles dans ce blockbuster. Cela passe notamment par des scènes d'action dont le montage est très haché, et où il a régulièrement recours à la shaky cam. Ce processus filmographique particulier, qui consiste à faire trembler la caméra lors des séquences d'action afin de rendre la scène plus immersive, a été notamment popularisée par Paul Greengrass dans la série des Jason Bourne ( où jouait déjà Matt Damon ). Depuis, il a été souvent décrié pour son côté gadget et le manque de lisibilité ( voire l'inconfort sensoriel total, presque épileptique ) qu'il impose dans les scènes d'action. Elysium ne déroge pas à la règle et je trouve que la shaky cam n'apporte pas grand chose au film.
Elysium est donc le film qui aurait pu lancer Neill Blomkamp dans la cour des grands à Hollywood. Malheureusement, et ce malgré la grande liberté artistique et financière dont il a disposé pour le tourner, Neill Blomkamp n'est pas parvenu à transformer l'essai.
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