Blade Runner 2049 de Denis Villeneuve : une suite à la hauteur ?

Cette critique de Blade Runner 2049 est garantie sans spoilers !

Sorti 35 ans après le film culte de Ridley Scott, Blade Runner 2049 raconte l'histoire de l'agent K qui appartient à une nouvelle génération de blade runners chargés de traquer et "retirer" les réplicants ( humains artificiels corvéables à merci ) indésirables.

Une suite vraiment utile ?

WTF ? Telle fut ma première réaction en apprenant qu'il y aurait une suite au premier Blade Runner. Il devait s'agir d'opportunisme de la part du studio, car tenter de prolonger une histoire qui s'était terminée sur une fin aussi ouverte n'avait pas de sens pour moi. Et puis, des personnages plutôt compétents sont entrés dans le processus de production, avec en premier lieu le réalisateur Denis Villeneuve ( à qui on doit le superbe Sicario notamment ), dont on attend encore le premier faux-pas.
A la sortie du film, c'est un déluge de critiques dithyrambiques qui est tombé, et ma curiosité ne pouvait alors être plus grande.

Un film d'auteur à 185 millions de dollars 

La lenteur et l'apparente simplicité du scénario ne plairont pas à tous.
Le film parvient à s'inscrire parfaitement dans la lignée du premier Blade Runner ( tant sur les thématiques abordées que l'atmosphère visuelle et sonore ) tout en préservant la singularité et la personnalité de son réalisateur.
Blade Runner 2049 se situe dans la lignée récente des films de SF d'auteurs plus portés sur la métaphysique que l'action, comme Interstellar de Christopher Nolan ou Premier contact du même Denis Villeneuve.

mutur score : 73/100

Réalisation : 8/10. La patte de Denis Villeneuve a la froideur et la propreté clinique d'un Christopher Nolan, mêlée à la touche plus viscérale et troublante d'un Nicolas Winding-Refn.

Jeu d'acteurs : 8/10. Ryan Gosling est maintenant à l'aise dans son rôle de guerrier solitaire froid et monolithique ( qu'il a eu le temps de peaufiner dans Drive et Only god forgives ). Pour Harrison Ford, il s'agit du come back le plus réussi des trois rôles phares qui ont défini sa carrière, après le raté Indiana Jones IV et le médiocre Star Wars VII. Ana de Armas est superbe dans son personnage d'IA secondant le héros, dans un rôle malheureusement un peu sous-exploité par le scénario. Avec un rôle court mais marquant, Bautista cimente encore un peu plus sa carrière à Hollywood.

Cohérence du scénario : 7/10.

Originalité : 7/10. Difficile question que celle de l'originalité de Blade Runner 2049. D'un côté il s'agit d'une suite qui se base sur des thèmes et un univers déjà explorés dans le premier film. D'un autre côté, le film se démarque des autres superproductions hollywoodiennes de notre époque par sa démarche profondément anticommerciale ( un peu à l'image de celle de Dunkerque ).

Portée émotionnelle : 7/10.

Photographie : 8/10. Roger Deakins accomplit un travail remarquable sur les éclairages et les textures, qui participent à façonner un univers singulier et palpable. On regrettera que la palette des couleurs jongle uniquement entre la noirceur de la ville et le sépia du désert.

Musique : 5/10. Si elle participe grandement à l'ambiance du film, on parlera plus ici d'oppression sonore que de véritable bande musicale.

Production value ( décors, costumes, effets spéciaux ) : 8/10. On saluera le recours aux effets spéciaux mécaniques pour les véhicules et les décors intérieurs, ce qui participe à l'ambiance rétro-futuriste crasseuse. Le décor des chantiers navals est grandiose, celui dans le désert post-apocalyptique à souhait.

Impact sur l'histoire du cinéma : 7/10. Si le film a du succès, il montrera aux studios que le film à grand spectacle n'est pas forcément décérébré ( comme l'a fait Christopher Nolan ).

Ressenti personnel : 8/10. Blade Runner 2049 ne plaira pas à tous, et quelque part c'est tant mieux. Merci Denis Villeneuve de ne pas en avoir fait une suite téléphonée et formatée, un film d'action semblable à mille autres. On attend le remake de Dune avec impatience.