Jurassic World : Fallen Kingdom de Juan Antonio Bayona

/!\ Cette critique comporte des spoilers /!\
Jurassic World : Fallen Kingdom est un film où il est question de survie. Survie, non pas des dinosaures, mais du studio Universal. En effet, depuis quelques années, Disney a imposé une cadence infernale à ses franchises de blockbusters, avec le succès qu'on leur connait.
Fallen Kingdom arrive donc trois ans après Jurassic World, bien décidé à capitaliser coûte que coûte sur le succès de son prédécesseur.

Le réalisateur Juan Antonio Bayona, connu pour avoir mis en scène le film d'horreur L'Orphelinat et le film catastrophe The Impossible, est le grand atout du long métrage. On peut citer notamment la scène tournée en plan séquence où la gyrosphère prend l'eau petit à petit, qui est volontiers étouffante. Le passage où le brachiosaure disparaît sur le quai dans les fumées et les cendres du volcan est également pleine de poésie mélancolique. Le réalisateur espagnol montre également toute sa maîtrise lors du dernier acte où l'Indoraptor traque les héros à travers les couloirs sombres d'une vieille bâtisse victorienne.

Mais à quoi a-t-on droit entre ces quelques scènes très réussies ?
Et bien pas grand chose.
On a l'impression que le film tourne autour de plusieurs thématiques, qui sont chacune abordées de manière superficielle et donc frustrante: le commentaire écologique sur le sort des dinosaures, le clonage de la petite fille. Entre elles, les scènes d'action (pour maintenir la concentration du spectateur lambda) semblent parfois forcées et gratuites (les carnivores qui prennent le temps d'attaquer les héros alors que l'île part en feu sous leurs pieds), avec un build-up insuffisant pour leur donner l'impact nécessaire (on se rappelle la mise en tension lente et progressive dans le premier Jurassic Park). Beaucoup de blockbusters contemporains, avec leurs moyens quasi illimités, tombent dans la facilité de jeter le spectateur dans l'action effrénée, sans prendre le temps de construire les personnages et le contexte. Cela leur donne un effet clip, vite oublié dans un long métrage qui regorge de moments similaires.

Les antagonistes, déjà un des points faibles du premier Jurassic World, franchissent une nouvelle étape dans le cliché : on retrouve inévitablement le businessman ambitieux et cupide qui chercher à se faire de l'argent grâce aux dinosaures, le mercenaire sans coeur qui collectionne les trophées de chasse, le dinosaure tueur génétiquement modifié qui n'est qu'un prétexte pour faire une scène d'épouvante et de suspense dans le dernier acte.

Muturscore : 5.5/10 "Si retrouver les dinosaures de la franchise Jurassic Park fait toujours plaisir, Fallen Kingdom donne la sensation d'être une juxtaposition de court-métrages plus ou moins réussis, auxquelles il manque un ciment narratif suffisamment solide pour en faire une oeuvre complète... et pertinente."

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